Image des Éditions du trésor caché.
Le thème de ce court livre publié en 2007 (100 pages au format d'un livre de poche) traite de la description de différents profils d'activité et sur les stratégies à adopter pour avoir du succès. Seth est très honnête sur la notion de succès : s'il incite le lecteur à être le « meilleur du monde », il précise que ce « monde » est propre à chacun et qu'il peut varier au court du temps. Voici les trois profils d'activités qu'il identifie :
- Il y a le profil que tous connaissent quand ils démarrent une nouvelle activité, où l'excitation rend les choses faciles. Cette phase est suivie d'un creux où l'évolution est lente et pénible. Quand l'obstination porte ses fruits, la sortie de ce creux est souvent couronnée de succès. Seth appelle ce creux le dip.
- Il y a le profil de la falaise où les activités progressent bien jusqu'à s'écrouler totalement. Seth fait le parallèle avec le monde de la presse écrite : tout allait bien jusque récemment mais la démocratisation d'Internet a tout chamboulé. Plus besoin d'attendre le quotidien du lendemain pour connaître les nouvelles car la plupart des grands médias [2] diffusent sur Internet. Plus besoin du journal local pour vendre ou acheter un bien car les services comme craigList [3] offre de meilleures couvertures. Plus besoin du mensuel pour voir des photographies extraordinaires, il suffit de se rendre sur Flickr [4]...
- Il y a enfin le profil de la progression plate, infiniment plate, sans perspective de succès. C'est le chemin vers une voie sans issue.
Seth explique que les deux derniers profils sont à abandonner rapidement, car il n'y a que de la médiocrité à en retirer. Le premier profil, celui avec le dip, est à évaluer consciencieusement.
Il arrive des situations, ou malgré les perspectives de réussite évidentes, le palier à traverser pour atteindre le succès est trop pénible. En fait, Seth écrit que la péniblité du palier est proportionnel au succès à atteindre. Si ce n'était pas pénible tout le monde serait couronné de succès, ce qui n'est évidement pas le cas. Parmi ses exemples, Seth cite le cas des grands sportifs, des dirigeants de grandes sociétés, des créateurs, etc. Il dit, par exemple, que c'est facile d'être un grand patron, mais c'est difficile de gravir les échelons pour arriver à ce poste.
La partie qui m'interpelle particulièrement, c'est son discours sur la nécessité d'identifier les situations de dip que l'on peut traverser et celles qui sont insurmontables compte tenu de nos propres contraintes. Quand une situation de dip trop difficiles, tout comme celle de la falaise ou de la progression, il est important d'y renoncer tôt. Il affirme même qu'il est important d'identifier les critères de renonciation avant d'être dans la situation de blocage pour être sûr de quitter pour les bonnes raisons. Si les raisons sont trouvées alors qu'on est dans le trouble, elles provoqueront des remords par la suite. Avec l'analogie d'un marathon, Seth dit que par exemple se mettre des objectifs de temps de parcours et de s'évaluer par rapport à eux plutôt qu'aux sensations du moment (crampes, fringale, etc.) donne de meilleurs chances de succès. Si on déjà parcouru 35 km, les sensations rendront la fin plus pénible à supporter s'il n'y a pas l'estimation initiale de succès établie en fonction de temps établis par avance.
Seth dit que le renoncement à des situations trop difficiles laisse la chance à la réalisation d'autres défis plus à sa mesure. Comme le critère de réussite est d'être « le meilleur de son monde », peu importe que d'autres pensent que l'abandon d'un situation soit un échec. Il arrive même que ceux qui vous jugeront mal sont eux-mêmes incapable de sortir du dip, qu'ils nagent dans une médiocrité relative.
Si je fais un peu d'introspection, j'en arrive aux constats suivants :
- Autant mon immigration au Canada, mes derniers changements d'emploi (de Oracle à IBM Rational, puis à Compuware [5]), ainsi que le déplacement de mes activités para-sociales (de RÉSULTATS à Diku Dilenga [6]) ont été motivés par des constats de dip devenus infranchissables (en tout cas, avec des perspectives moindres lorsque comparées à celles offertes par les changements).
- J'aime les difficultés, les challenges qui sont rudes, dans la mesure où la perspective de grandir est bonne. Instinctivement avant, clairement maintenant, j'abandonne les situations qui sont sans issue, ou pour lesquelles les compromis à faire sont sans commune mesure avec la satisfaction à en retirer. Cette attitude peut paraître fruste et égoïste mais c'est relatif : j'imagine qu'en étant le « meilleur de mon monde » cela bénéficie aux gens de « mon monde ». Ce qui est mieux, à mon avis, que d'affecter mon entourage parce que je reste « un médiocre dans mon monde ».
Étonnant comme un petit livre peut faire gamberger, n'est-ce pas ? À votre tour d'y consacrer quelques heures et de partager votre propre cheminement en me laissant un commentaire.
Pour le plaisir, voici la vidéo d'une présentation donnée par Seth Godin en 2003 [7]. Tout ce qui dit est du « gros bon sens » et c'est ce qui le rend pertinent. Le livre est du même acabit.
Seth Godin at Gel 2006 from Gel Conference on Vimeo.
A+, Dom
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Sources :
- Le livre décrit sur le site de Seth, et la présentation francophone sur le site des Éditions du trésor caché.
- Google News, Associated Press (AP), Agence France Presse (AFP), Cable News Network (CNN), Radio de l'information (RDI, du réseau de Radio Canada), France24, Al-Jazeera, etc.
- craiglist, kijij, lespac, etc.
- Flickr, PicasaWeb, PhotoBucket, etc.
- Oracle, IBM Rational, Compuware.
- RÉSULTATS, Diku Dilenga.
- Entrée sur le blog de Seth : This is broken.
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